03.11.2022
La conférence de la dernière chance pour l’île de Pari
Les changements climatiques et leurs effets dévastateurs se font de plus en plus sentir, en particulier pour les populations des pays du Sud. La Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP27), qui débutera dimanche 6 novembre 2022 à Charm el-Cheikh, en Égypte, pourrait bien être notre dernière chance d’inverser la tendance. Les habitant·e·s de l’île indonésienne de Pari ont déjà agi : exigeant la justice climatique, ils ont entamé des démarches juridiques contre Holcim, le groupe suisse spécialisé dans le ciment. Ils demandent, entre autres, une indemnisation pour les dommages subis à cause des changements climatiques. Ce sujet figure en tête de l’ordre du jour de la COP 27.
Communiqué de presse du 03 novembre 2022
« Loss and Damage » (« pertes et dommages ») : ces deux termes font référence aux répercussions désastreuses des changements climatiques. Ils comptent parmi les priorités de la prochaine COP 27. À l’aube de cet événement, la procédure juridique entamée par les habitant·e·s de l’île de Pari à l’encontre de Holcim est un sujet d’une actualité brûlante. En effet, Holcim, en tant que multinationale polluante, ou « carbon major », fait partie des entreprises qui émettent le plus de CO2 au monde. Le groupe est donc largement responsable du réchauffement climatique ainsi que des pertes et des dommages écologiques et économiques qui en résultent.
Échec du premier cycle de négociations
Parmi les victimes des émissions continues de CO2 de groupes comme Holcim se trouvent les habitant·e·s de l’île de Pari. Leurs moyens de subsistance sont fortement menacés par l’élévation du niveau de la mer et les inondations de plus en plus récurrentes sur l’île. Début juillet, ils ont entamé des démarches juridiques devant le juge de paix à Zoug, où Holcim a son siège en Suisse. Ils réclament non seulement que l’entreprise réduise rapidement et massivement ses émissions de CO2, mais aussi qu’elle les indemnise pour les dommages déjà causés et participe au financement de mesures de protection contre les inondations, nécessaires de toute urgence.
Lors de l’audience de conciliation, qui a eu lieu début octobre, Holcim n’a manifesté aucune intention de reconnaître sa part de responsabilité dans les changements climatiques et d’accepter les revendications légitimes des quatre habitant·e·s à l’origine de l’action. Les négociations se sont donc soldées par un échec. Les quatre plaignant·e·s envisagent désormais d’engager une action civile contre Holcim. S’ils le font, l’Entraide Protestante Suisse (EPER), le European Centre for Constitutional and Human Rights (ECCHR) et l’organisation indonésienne pour l’environnement WALHI continueront de les conseiller et de les soutenir.
Des moyens financiers pour compenser les dommages causés
Les trois organisations attendent des États réunis en Égypte dans le cadre de la COP 27 qu’ils reconnaissent la nécessité urgente d’une réduction rapide et massive des émissions mondiales de CO2, et prennent immédiatement des mesures en ce sens. Ils doivent également s’assurer qu’un soutien financier adéquat et prévisible soit apporté aux pays du Sud, afin de compenser les dommages liés aux changements climatiques et de mettre en place des mesures d’adaptation. Le groupe suisse Holcim et les autres multinationales polluantes ne peuvent plus continuer à se soustraire à leurs responsabilités à l’égard de la justice climatique.
En savoir plus sur le thème « Loss and damage » (en anglais)