Communiqué de presse

L’évaluation matérielle est retardée

Les revendications des quatre plaignant·e·s sont claires. Ils veulent que Holcim réduise rapidement ses émissions absolues et relatives de CO2, verse une indemnisation pour les dommages climatiques qu’ils ont déjà subis et participe financièrement aux mesures d’adaptation nécessaires pour protéger l’île. Leur argument est le suivant : un groupe comme Holcim, qui contribue largement aux changements climatiques – en tant que multinationale polluante – et génère plusieurs milliards de bénéfices, doit aussi assumer ses responsabilités liées aux répercussions d’un climat déréglé. Jusque-là, c’est simple.

Mais, plutôt que de se pencher sur sa responsabilité, Holcim préfère discuter de questions préjudicielles. À sa demande, l’affaire se trouve actuellement en « procédure limitée » et se concentre principalement sur deux questions : le droit civil est-il la bonne voie de droit ? Et : les plaignant·e·s ont-ils un intérêt légitime dans leur plainte ? Du point de vue des plaignant·e·s, les réponses sont claires : seule la responsabilité civile peut répondre à la question de la responsabilité d’une entreprise privée pour les dommages climatiques en partie engendrés par ses activités. En outre, l’existence des habitant·e·s de la petite île de Pari, qui est de plus en plus touchée par les inondations, est déjà menacée par les changements climatiques partiellement causés par Holcim. Il est difficile d’imaginer un intérêt plus légitime.

Selon les plaignant·e·s, il est donc plus que temps que des tribunaux suisses examinent leurs demandes sur le plan matériel, et surtout qu’ils clarifient les obligations auxquelles Holcim est soumis en tant que multinationale polluante. Mais le groupe tente de retarder la clarification des véritables questions juridiques. Manifestement, l’entreprise zougoise craint de devoir soumettre ses activités, et les répercussions qu’elles entraînent pour les plaignant·e·s, à un examen matériel et juridique. Avec cette tactique, Holcim pourrait retarder le jugement de plusieurs années. Les changements climatiques, eux, n’attendent pas. Ils progressent chaque année. Avec l’élévation du niveau de la mer, les inondations sur l’île de Pari, qui constitue le moyen de subsistance des plaignant·e·s, sont de plus en plus fréquentes et violentes.